Voyage de pêche au Gabon
Gabon - Gavilo - Novembre 2004
par Nicolas Pagnol
Pour la troisième fois en un an, mon frère et moi décidâmes de partir pêcher les estuaires Gabonais. Pourquoi le Gabon ? Me diriez-vous, et surtout pourquoi trois fois ? Je répondrais seulement que seul ceux qui n’y ont pas mis les pieds me poseraient ce genre de question. En effet, après un voyage difficile de plus de douze heures comprenant voiture, avions et 4X4, le paradis de la pêche s’offre à vous. Isolement des camps en pleine nature, bruits de la forêt, animaux sauvages à portée de regard et surtout, assurance de faire de belles prises.
Alors voilà, nous arrivâmes au camp de Gavilo situé sur la Lagune d’ Iguéla, un lieu mythique pour la pêche et la chasse où le Père Guisard avait monté un des premiers camps du pays. Nous fûmes accueillis par le gérant Olivier Charpentier qui nous avait déjà fait vivre des expériences fabuleuses. Il faisait chaud, très chaud et la douce sensation d’être enfin de retour à la maison s’empara de nous. Malheureusement, en dépit de savants calculs de marée, les deux premiers jours ne furent pas prolifiques et le doute commença à poindre.
Le troisième jour, nous partîmes à la calée, de nuit dans la passe, au ras de la barre avec notre guide préféré, René. Mon frère avait monté un jig et moi je me la coulais douce au fond. Soudainement, j’entendis le moulin du frangin hurler à la mort : « c’est énorme, j’ai jamais vu ça !!! » me lançât-il. Effectivement, sa Mitchell Tempest Ignobilis commençait à produire des craquements plus que douteux sous la torture que lui infligeait son Saltiga 6000. Au bout de 15 minutes, il ne restait plus que 50 mètres de tresse dans la bobine et le poisson venait de s’immobiliser. « vas-y met lui la pression !!! » Il donna un tour de frein en plus, amorça son pompage et le poisson reparti de plus belle, toujours au fond, comme une machine. La seule solution, dans ces casest de mettre la canne à l’horizontale et de ne faire travailler que le moulinet afin de ne pas casser le blanck. C’est ce qu’il fit, espérant arrêter le monstre. Le résultat fut un hameçon 9/0 inox ouvert comme une épingle à nourrice…
« C’était quoi à ton avis ?? »
« Pas un Tarpon, trop rectiligne »
« Peut être un Requin ?? »
« Au jig !!...Sans doute un gros Capitaine »
Notre nuit fut hantée par les créatures mythiques d’Homère et de Jules Vernes.
Quelques jours plus tard, nous partîmes pêcher la passe de nuit, du bord, au lancer. La technique consistait à faire racler nos Shad sur le tombant de sable afin d’imiter des crabes, mets favoris des carpes rouges en cette saison. La marée descendait et le courant était puissant. Au bout de deux heures, nos bras étaient endoloris quand soudain, mon leurre s’arrêta net. Le poisson me prit une vingtaine de mètres et se cala au fond, le long du tombant. Bizarre pour un rouge…inexplicable pour un capitaine…impossible pour un tarpon. « Peut être as-tu attrapé un raie par le dos !! » me dit Olivier. Et là, la bête, se sentant vexée d’être traitée de raie, me fit un départ fulgurant. Je serrais mon frein aux limites de ma canne, elle se tapie encore une fois dans les tréfonds de la passe. Je courus afin de récupérer un peu de fil, elle repartit, et ce n’est qu’après vingt minutes d’effort que nous vîmes s’échouer sur la plage un rouge qui accusa 27 kg au peson.
Douceur des nuits africaines…
En milieu de séjour, nous partîmes pour une journée de pêche aux torchères afin de se faire une overdose de carangues ou sortir une énorme Loche. En route, nous vîmes une épave flottante. Mon frère et un ami y pêchèrent deux cobias à la défense extraordinaire. Puis en se rapprochant de l’épave qui était constituée de filets, nous nous aperçûmes qu’une énorme tortue luth y était retenue prisonnière. Nous la libérâmes et la vîmes partir, élégante et sage. Un souvenir exceptionnel…
Malheureusement, Saint Pierre ne nous gratifia pas de cette bonne action et la torchère fut un échec. Cependant, une surprise nous attendait juste derrière la barre. Des Tarpons, et par centaines. J’en toucha un au plug. Il me fit un saut extraordinaire à la touche et nous le vîmes, majestueux, recracher le leurre et repartir tel un trait d’argent. Un autre fut décroché au Vitala par un de nos comparses.
Alors que j’insistais au plug, j’eus une touche brutale et mon cœur s’emballa, j’allais enfin sortir mon premier gros Tarpon. Ma joie fut de courte durée car le poisson fila vers le bateau et je compris qu’il s’agissait d’un barra. Mais quel barra !!! 37KG pour 1M90. Une vraie poutre gabonaise. La nuit tombait et nous dûmes rentrer.
Demain est un autre jour…
Les trois jours suivants, nous laissâmes le « bateau mer » à d’autres pêcheurs qui eurent plus de chance aux torchères. Les carangues étaient arrivées….Pour notre part, nous nous rabattîmes sur de la petite pêche car les tarpons étaient hors de portée depuis la plage.
Cannes à bar et glacières remplies de boissons….
Deux de mes amis nous rejoignirent depuis Libreville et nous décidâmes d’expliquer aux tarpons que l’homme, même moins majestueux que lui, n’en reste pas moins plus intelligent.
Sur les conseils d’Olivier, nous montâmes des lignes dérivantes suspendues par des ballons de baudruche. Ce jour là, nous partîmes sans mon frère. L’attente commença, derrière la barre. Soudain un ballon s’enfonça, c’était le mien. J’allais empoigner ma canne. « Non ! Attend qu’il saute avant de faire quoi que ce soit » me dit Olivier. Et le voilà qui saute…Il est encore plus gros que dans mes rêves. J’empoigne ma canne et ressent l’incroyable lourdeur du poisson. Ca y’est j’en tenais un, pour de bon. Le combat ne fut ni le plus difficile ni le plus long, une petite demi-heure mais à l’arrivée au bateau, je compris pourquoi ce poisson était mythique. Il est beau, on le dirait habillé d’argent. Il devait faire dans les 50 kg.
L’attente reprit et une dizaine de minutes plus tard, ce fut au tour de mon ami Arnaud d’en toucher un. Lorsqu’il sauta, nous comprîmes que le combat allait être rude. Il devait faire dans les deux mètres. Arnaud fit un combat exemplaire et n’écouta pas ses bras lorsque ceux-ci lui demandèrent grâce. Le poisson lui en fit voir de toutes les couleurs mais la plus belle était le rouge congestionné qui ornait son visage. Le tarpon se rendit au bout d’une heure et demie et nous décidâmes de le garder afin de l’offrir au chef du village. Il accusa 95 kg au peson.
Arnaud, c’est du bon boulot….
Le lendemain, ce fut au tour de mon frère d’en attraper un. Ce fut un combat étrange, le poisson parti parallèlement à la côte, son rush était interminable et linéaire. Nous étions sûr qu’il s’agissait d’un requin bouledogue. Mais, lorsque le poisson arriva prés du bateau, nous comprîmes qu’il s’agissait d’une espèce bien plus vicieuse car elle s’évertua à passer sous la coque ettrouva un intérêt, non dénué de mesquinerie, aux hélices des moteurs. Il s’agissait d’un Tarpon d’environ 60 kg. Un quart d’heure plus tard, il eut une autre touche et nous vîmes sauter le plus gros tarpon du séjour. Frustré de son précédant combat, mon frère serra son frein au maximum afin de faire sauter le poisson. En effet, il sauta, huit fois, avant de retomber sur le bas de ligne qui se cassa net. La déception ne fut pas au rendez vous car le spectacle avait été grand.
Doucement le frein Loulou, doucement…
Nous repartîmes pour Paris le lendemain, avec des souvenirs plein la tête. Souvenirs que peu de gens peuvent comprendre car on ne peut expliquer les senteurs de la forêt tropicale, les montée d’adrénaline en pleine mer, la langueur qui s’empare de vous lorsque tout le monde se retrouve sur la terrasse, afin d’y raconter ses aventures, autour d’un bon apéro alors que la jungle se réveille.
Je finirais ce récit par un poème de notre maître à tous Pierre Clostermann
Saint Pierre
Accorde-moi d’enfin prendre des poissons si grands
Que la tentation de mentir en les décrivant
Me soit à tout jamais épargnée
Car je ne suis qu’un pauvre pécheur
Nicolas Pagnol
Réactions à cet article |
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Réaction n°4 |
par JAYJAY le 13/12/2006 @ 20h07
Je déconseille d'aller à l'oguendjo tarpon club, car le propriétaire est beaucoup trop soupe au lait. Il pense avant tout à son bien être, votre satisfaction quant à la pêche n'étant que secondaire.
Si je me permets d'en parler sur ce ton, c'est que j'y suis allé l'année dernière pendant 2 semaines et que le séjour s'est très mal passé. Les 3 comparses qui m'accompagnaient ont pensé exactement la même chose. Mieux vaut aller à Iguela ou Sette Cama. Par contre la lagune d'ollende reste aussi bonne que les autres en terme de pêche, si ce n'est quelques filets qui barrent l'embouchure. |
Réaction n°3 |
par ZD le 20/11/2006 @ 08h44
Une agence de voyages librevilloise: Eurafrique Voyages organise via le Oguendjo Tarpon Club des séjours de pêche sportive dans un campement au sud de Port Gentil ou plusieurs records mondiaux semblent avoir été réalisés ces dernières années.
Adresse du site: http://eurafriquevoyages.ifrance.com
aller sur la page pêche.
Très beau récit qui donne envie.
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Réaction n°2 |
par pierre34 le 30/10/2006 @ 11h29
salut tout le monde !
je compte partir au gabon , mais j'ai de mauvais retours . il parait que le poisson est devenu rare . pouvez vous m'en dire plus par rapport à votre experience recente ? ( loango lodge )
merci !!! |
Réaction n°1 |
par daniel le 30/08/2005 @ 14h38
et oui c'est bien ça gavilo,OLIVIER parti ailleurs je ne sais pas si j'y retournerai (il est trop lié à mes souvenirs de pêche à gavilo ainsi qu'aux visites de la réserve d'animaux)je ne sais pas qui sera le nouveau guide ni s'il y a une nouvelle organisation en place <aucune nouvelles de qui que se soit sur ce camp> Je pense que le docteur N'DELIA propriétaire du lieu s'en est désinterressé-dommage il y a là un potentiel inexploité il suffirait de peu de choses pour faire bien fonctionner ce camp installé sur un site complètement préservé .
daniel |
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Date de création : 10/03/2005 @ 17h24
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