Voyage de pêche en Laponie

Départ le samedi 9 juillet de Paris CDG vers 07h05 avec la compagnie SAS. Les formalités sont très rapides, les excédents de bagages non comptés et le sourire des hôtesses au rendez-vous, la réputation de cette compagnie est vraiment à la hauteur.
Décollage à l’heure promise, 1h20 de vol plus tard nous atterrissons à Copenhague pour une attente d’une heure. Après avoir trinqué à l’amitié pour fêter le départ, nous embarquons pour Stockholm que nous atteindrons 1h15 plus tard. À l’arrivée en Suède, nous devons récupérer les bagages et les enregistrer pour le dernier vol intérieur. Aucune formalité, tout est très simple ici et en plus, c’est fait avec le sourire.
 
13h45, notre avion se pose en Laponie, sur la piste de Kiruna. L’aéroport est minuscule. Quelques minutes plus tard, tous nos sacs et tubes de cannes sont en notre possession. Je remarque même un étui de canne en tissu qui a voyagé en soute et qui arrive en parfait état, quel plaisir pour des pêcheurs passionnés de pouvoir voyager sans crainte pour son matériel de pêche.

Nous sortons de l’aéroport, récupérons nos deux voitures de location car nous sommes 6 pêcheurs. François, mon ami et partenaire de pêche, sa femme Lydie, ses deux enfants Emma et Paul, ma femme Sandrine et moi partons pour les 140 km de route jusqu’à Lainio. Sur le chemin, nous faisons une pause à Vitangi, la seule petite ville avant le campement. Les derniers 40 km sont fait de piste. Il nous faudra au total 1h30 pour aller de l’aéroport au campement.
Le campement est situé au bord de la Lainio River, magnifique ! tous les chalets sont en bois avec tout le confort et même un sauna pour certains, un vrai paradis. Roland le « Boss » nous accueille chaleureusement, mais quand en plus il reconnaît François, qui était déjà venu en 2003, il nous apprend qu’un « pool » porte depuis ce temps son nom « le pool de François ». Connaissant l’expérience de François, doublée d’une modestie tellement agréable en tant que compagnon de pêche, je ne suis pas surpris qu’il lui fasse cet honneur, les c¦urs s’ouvrent, le ton est donné.
Nous nous installons dans nos chalets respectifs et le grand déballage commence. Vers 19h30, les guides Teddy, David et Martin viennent nous saluer. Leur gentillesse et leur compétence sont exemplaires. Nous apprenons que, malheureusement, il a fait très chaud depuis le début de la saison, l’eau est presque à 20°C, donc les saumons ne sont pas remontés. Mais la météo prévoit un net rafraîchissement, nous sommes ravis car il fait presque 30°C et nos femmes qui avaient prévu pulls et gilets pour le « Pôle Nord » nous regardent de travers…
Après un repas simple mais très bon, nous partons dans le canyon de Kurkkio pour notre premier contact, la rivière et la nature sont magnifiques. Un petit feu, c’est la première chose que les guides font. Nous restons là à regarder et à respirer, ici c’est la nature qui commande.
 
Pour notre premier jour de pêche, les eaux des rivières étant chaudes, nous décidons de faire une pêche en famille sur un des nombreux lacs de Lainio. Nous traversons les voitures sur le bac et après 20 minutes de piste nous déchargeons le moteur de la  barque en bois, cette dernière, grande et surtout très stable, nous permet de monter à six à bord.
Nous pêcherons 6 heures, au lancer et en traîne pour changer de poste. Nous prendrons et relâcherons 24 brochets de 3 à 15 lbs, ainsi que 19 perches de 1 à 3,5 lbs. Les cuillères or à points noir N°3/4, les « pompons rouges », les Shad Rap orange fluo et Hammer Illex rose fluo, ainsi que les LS à bavette ont été les meilleurs pour le premier jour (pour le reste aussi). Nous remarquerons plus tard que les couleurs vives, le fluo  et le blanc sont la base à employer. Cette journée en famille a été super et tout le monde a pris du poisson, surtout les femmes et les enfants, mais c’était bien le but du jeu.
Le lendemain nous faisons notre première sortie « entre mecs », François, Martin notre guide « Spécial Pike (brochet)» et moi. Nous pêchons dans le même lac. Départ le matin vers 9h30, après le petit déjeuner. Nous avons commencé par les bordures mais les résultats étant variables nous décidons de chercher les « hauts fonds » et les parties envahies par les nénuphars. Là, le festival commence. J’ai pris 14 brochets en 1h10 aux leurres de surface (Illex articulés blanc et argent). François essaie les Spinner Bait mais bizarrement sans résultats… Nous ferons le tour de la première partie du lac en pêchant les herbiers. Les touches se succèdent jusqu’à la pause « casse croûte » vers 14 heures. Nous décidons ensuite d’aller dans la deuxième partie du lac car elle est moins profonde mais avec plus d’herbier. C’est François qui fera un festival avec une quinzaine de brochets pris en moins de 2 heures avec un leurre souple noir pailleté à bavette plastique. Pour ma part, je prends quelques poissons sur mon popper, ainsi que le plus gros brochet de la journée. Ce poisson nous offrira une attaque fantastique, je lance au milieu des nénuphars dans 30 cm d’eau et là je vois ce magnifique poisson suivre, sauter et retomber sur mon leurre, toutes dents dehors et après quelques minutes de bagarre. Martin relâche ce poisson estimé à 18/20 livres. Vers 18 heures, nous décidons de rentrer. Nous traversons le lac en traîne pour rejoindre notre point de départ. La journée finira sur de belles perches, nous en gardons 6 pour les faire fumer au camp et nous régaler le lendemain. Les résultats sont les suivants : François 28 brochets et 21 perches, Martin qui n’a pêché qu’une petite heure : 7 perches et 5 brochets (sur des énormes poppeers à carangue (pencil et surface B), et 29 brochets et 9 perches pour moi.
 
Le troisième jour nous descendons la Lainio en raft en famille, le spectacle est grandiose.  Cela fait beaucoup de bien de voir cette nature être maître des lieux. Je profite quand même d’un « stop » photo pour sortir rapidement mon lancer léger et prendre 11 ombres et 2 truites sur une « feuille de saule » N°0. Pique-nique au bord de l’eau et détente en famille pour le reste de la journée.
 
Le quatrième jour, le temps a changé et la température a bien baissé, l’air est entre 22 et 24 et l’eau est passée de 20°C à 17/17,5°C. Les conditions pour les saumons devenant « meilleures », nos guides partent en prospection pour la nuit suivante.
Avec François, nous partons vers 19h30 pour pêcher le lac de « nuit ». Les perches et les brochets seront encore au rendez-vous. au matin, les résultats sont impressionnants : François : 24 brochets et 19 perches, et 21 brochets et 14 perches pour moi. Tous ces poissons ont été piqués aux leurres.
En rentrant au camps, Teddy et David nous attendent et nous annoncent qu’ils ont réservé le « Onkka Pool » pour le soir et pour 24 heures. Roland, le Boss du camp, nous informe que ce pool est sans doute le meilleur à la vue des conditions actuelles.
Après quelques heures de sommeil bien méritées, nous nous préparons pour notre nuit au saumon. Cannes, moulinets, mouches, leurres, tout est passé en revue. La pression monte d’un cran car nous savons bien que pour le saumon, ce sera ce soir au jamais.
Nous partons du camp en famille et avec les deux voitures. 40 minutes plus tard nous découvrons le pool… C’est magnifique, il y a une petite cabane où nous poserons nos affaires. Pendant que les guides préparent le repas, nous montons nos cannes et là j’entends un plouf très caractéristique, je regarde la rivière et là le deuxième plouf vient finir de balayer mes doutes, les saumons sont bien là.
Pendant le repas, nous entendons des cris sur l’autre berge, un pêcheur suédois vient de prendre un saumon. Nous voyons les flashs crépiter, la tension est encore montée d’un cran. La fin du repas est expédiée en deux minutes. Enfin, nous allons pêcher le saumon. Pour moi, c’est une première mais pas pour François, atteint de la « saumonite  aigue », c’est une histoire de plus, une de plus parmi celles qu’il a vécu avec son père à l’époque où il arpentait l’Allier depuis son plus jeune âge.
François décide que pour lui ce sera à la mouche. Je décide de prendre mon lancer et mon moulinet monté en tresse de 15 lbs.

A 23h00 alors que j’admire la fluidité des lancers de Teddy avec sa 17 pieds, je vois François ferrer « I have one » dit il. Après un gros remous, le poisson se tourne et prend la descente, j’entends  enfin le doux bruit d’un moulinet qui se vide, quel bonheur !
Le saumon se défend comme un beau diable, il me semble énorme mais, n’ayant aucun repère, je me garde bien de le dire à François, il est déjà assez tendu comme ça.. 45 minutes se sont écoulées, je vois maintenant le saumon faiblir et François peut l’emmener délicatement dans la partie peu profonde de la rivière, il est énorme, je vois très nettement la petite mouche de 10, orange et feu, au coin de la bouche. Encore deux mètres et il est à mes pieds, je me baisse et comme le veut la règle, l’attrape par la queue, ma main a du mal à le tenir et je suis obligé de mettre la deuxième main pour le sortir de l’eau et le poser sur la berge. C’est fini, le poisson est là, à nos pieds dans l’herbe. François nous embrasse, c’est la fête car c’est son plus gros : 34 livres et à la mouche s’il vous plaît, chapeau ! Cette fois, les flashs sont de notre côté. David qui était parti subitement en courant revient avec une bouteille de whisky, nous fêtons le poisson et retournons à la cabane. la nuit commence très bien.
Après une petite pause d’une heure, nous repartons vers 2h30. Alors que je suis sur la fin du même pool avec mon lancer et une ondulante, or et orange fluo, je sens la touche, sèche et brutale puis c’est la fuite du poisson en aval. Il tire et me prends environ 70 mètres de fils, je n’y crois pas, je suis au milieu de la rivière dans un cadre de rêve avec mon saumon. Le combat sera plus rapide, ma canne travaille à merveille et le poisson se rend, 20 minutes plus tard, David mon guide l’attrape. Je pensais que seul un grand poisson de mer pouvait me faire essuyer une larme, et bien non je m’étais trompé. François me saute dessus et m’embrasse « Laurent, tu es un pêcheur de saumon » me dit-il. Seconde séance photos et retour autour du feu. Nous passerons le reste de la nuit ici, entre photos et contemplation de nos deux saumons. A 6h00, nous partons et rentrons au camp. À notre arrivée, nous allons petit déjeuner avant un repos bien mérité, des images plein la tête. Cette nuit restera à jamais dans ma mémoire de pêcheur.
Pour notre avant-dernière journée de pêche, nous décidons d’essayer une petite rivière que nous avons vue en allant au lac, assez rapide et de 10 à 12 mètres de large environ. En 6 heures de pêche à la mouche sèche (mouche de mai) et sur 1,5 km de parcours, nous prendrons 79 ombres et 27 truites, un vrai festival. En arrivant à la voiture pour rentrer, nous croisons deux autres pêcheurs de l’agence qui avaient eu la même idée, ils nous remplacent. Le soir au repas, ils nous racontent avoir pêché la même portion de rivière et pris 60 poissons dont une truite de 68 cm. La densité de poisson est vraiment incroyable.
Pour le dernier après-midi de pêche et comme promis, je pars avec ma femme Sandrine pour essayer de lui faire prendre son brochet. Ce sera chose faite rapidement et le soir son tableau est le suivant : 14 brochets et 10 perches en 6 heures de pêche, traîne et lancer. Superbe pour une première….
Le soir, le c¦ur un peu dans la gorge, nous faisons les sacs et tubes de cannes, des souvenirs  et des émotions plein la tête. Demain c’est le départ.
Le retour se passera aussi bien que l’aller, les horaires, les bagages, tout sera parfait et la qualité de la compagnie SAS est bien là.

Laurent G

Date de création : 23/10/2006 @ 17h51